PREMIÈRE PAROLE :
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« PÈRE, PARDONNE-LEUR, CAR ILS NE SAVENT CE QU’ILS FONT »
(Luc 23.34)
Cette première parole que Jésus prononce sur la croix est une supplication qu’il adresse à son Père en faveur de ses bourreaux.
Jésus prie, comme il l’a toujours fait, dans une parfaite dépendance avec le Père. Il commence son ministère par la prière : « Et il arriva que, comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi étant baptisé et PRIANT, le ciel s’ouvrit ; et l’Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe... » (Luc 3.21-22). Sa vie entière a été une vie de prière. « Il passait les jours dans le temple à enseigner ; et les nuits, il sortait et demeurait dans la montagne qui est appelée des Oliviers » (Luc 21.37). Il ne nous est pas précisé ce que Jésus faisait, les nuits, dans la montagne, mais nul doute qu’il intercédait. En Luc 6.12, il est écrit qu’il alla sur une montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu.
Maintenant, Jésus est cloué sur une croix. Ses mains rivées au bois ne peuvent plus toucher les malades pour qu’ils guérissent, ni les yeux des aveugles pour qu’ils voient, ni les oreilles des sourds pour qu’ils entendent... Ses pieds cloués au bois ne lui permettent plus de passer de lieu en lieu, faisant du bien, délivrant tous ceux que le diable a asservis à sa puissance (Actes 10.38). Le talon brisé par le serpent (Genèse 3.15), sa marche est arrêtée, mais il continue d’accomplir son service d’intercesseur.
La prière n’est-elle pas la part de tout serviteur de Dieu arrêté dans sa marche par une maladie ou une circonstance quelconque ? Au chrétien sur un lit de langueur ou dans la cellule d’une prison, ne reste-t-il pas le service de la prière, qui ne peut lui être ôté ? Ezéchias, malade à mort, tourna sa face contre la muraille et pria l'Éternel (Esaïe 38.2). Etienne, dont la marche sera arrêtée par la lapidation, priera : « Et ils lapidaient Etienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et, s’étant mis à genoux, il cria d’une haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché » (Actes 7, 59 et 60). Même les pierres lancées contre lui ne pourront arrêter son service d’intercession. Samuel, dont le service de juge fut arrêté à cause de l’orgueil du peuple qui réclamait un roi, ne cessa pas de prier : « Loin de moi, dit-il, que je pèche contre l’Eternel, que je ne cesse de prier pour vous... » (1 Samuel 12.23)
Alors qu’il subit les souffrances atroces de la part des hommes qu’il était venu visiter en grâce, étant l’objet de la plus grande et de la plus horrible des injustices que l’humanité ait jamais commises, Jésus ne pense pas à lui-même, mais il implore pour eux le pardon. Quel amour ! Il désire le pardon pour ceux qui, quelques instants auparavant, ont réclamé tous ensemble : « Crucifie, crucifie-le ! », insistant à grands cris. A la haine de l’homme, Jésus répond par l’amour : « Père, pardonne-leur... ». Il pourrait adresser au Père une prière différente comme, par exemple, celle de lui fournir douze légions d’anges. A ses persécuteurs qui le défient disant : « Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix! » (Matthieu 27.42), il pourrait répondre. Mais il se livre lui-même volontairement au supplice pour que le pardon divin puisse être accordé aux pécheurs.
Il a dit durant sa vie : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faîtes du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent » (Matthieu 5.44). Il met en pratique ce qu’il a enseigné. Il est le modèle parfait.
Est-ce possible, pour nous, d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent ? Certainement pas, car notre nature désire plutôt se venger de ceux qui nous font du tort ! Notre logique humaine veut que, par définition, nous aimions ce qui est aimable. Jésus, lui, a aimé des êtres haïssables. Pour pouvoir aimer nos ennemis, bénir ceux qui nous maudissent, faire du bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous font du tort et nous persécutent, il faut connaître et avoir reçu l’amour de Dieu qui est versé dans le cœur des croyants par le Saint-Esprit. (Romains 5.5)
« Car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il n’a pas trouvé de fraude... » (1 Pierre 2.20 à 33). En entendant la première parole du Seigneur prononcée sur la croix, nous comprenons les exhortations qui nous sont données en Ephésiens 4.32 : « ... vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » et en Colossiens 3.13 : « ... vous pardonnant les uns aux autres si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi, faites de même. » Comment ne pardonnerions-nous pas notre frère qui nous aurait fait quelque tort, alors que nous avons reçu nous-mêmes le si grand pardon de Dieu en Christ ? N’oublions jamais que nous sommes responsables nous aussi, de la crucifixion du Fils de Dieu, car c’est à cause de nos péchés qu’il a subi les souffrances et la mort de la croix. Chacun a une immense dette envers Dieu, qu’il est incapable d’acquitter. Mais Jésus a tout payé de sorte que celui qui l’accepte dans son cœur, non seulement est pardonné, mais aussi justifié, rendu parfait à perpétuité et possède alors une glorieuse espérance, un héritage inestimable. Chrétiens, gardons-nous de ressembler au méchant esclave : celui-ci devait la somme considérable de dix mille talents à son roi sans avoir de quoi payer. Il méritait d’être vendu, lui, sa femme, ses enfants et tous ses biens. Mais le roi, plein de compassion envers lui, le relâcha et lui remit sa dette. En sortant, cet homme rencontra un de ceux qui était esclave avec lui et qui lui devait la somme modique de cent deniers. Il l’étrangla disant : « Paye ce que tu me dois! ». Celui qui était esclave avec lui le supplia disant : « Use de patience envers moi, et je te paierai ». Mais il ne voulut pas, et le jeta en prison jusqu’à ce qu’il eût payé sa dette. Le seigneur ayant appris ce qui s’était passé, appela son esclave et lui dit : « Méchant esclave, je t’ai remis toute cette dette parce que tu m’en as supplié ; n’aurais-tu pas dû aussi avoir pitié de celui qui est esclave avec toi, comme moi aussi j’ai eu pitié de toi? ». Et son seigneur, étant en colère, le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût payé tout ce qui lui était dû. Le Seigneur Jésus prononça cette parabole en ajoutant : « Ainsi aussi, mon Père céleste vous fera, si vous ne pardonnez pas de tout votre cœur, chacun à son frère » (Matthieu 18.21 à 35)
Cette parabole faisait suite à la question de Pierre : « Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi et lui pardonnerai-je ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? ». Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix sept fois. » (Matthieu 18.21-22). La plénitude du pardon !
Jésus a aimé ses ennemis et a fait du bien à ceux qui le haïssaient. « Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance, car Dieu était avec lui » (Actes 10.38). Combien de fois a-t-il dit : « Tes péchés sont pardonnés » ? Il pouvait pardonner les péchés car il savait que, à la croix, il allait les porter comme étant les siens, en subissant le jugement de la part de Dieu. Sa vie sur la terre, sa marche, ses actes, ses paroles n’ont été que la manifestation de son amour pour sa créature. A son amour, l’homme a répondu par la haine. Le Fils de Dieu a été crucifié. Alors qu’il est suspendu par des clous que les hommes méchants et cruels ont enfoncés dans ses mains et dans ses pieds, environné de taureaux et de puissants de Basan qui ouvrent leur gueule contre lui comme un lion déchirant et rugissant (Psaume 22.12-13), il prie pour ceux qui le persécutent : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Sa prière va-t-elle être exaucée ? Il ne peut en être autrement. « Or moi, je savais que tu m’entends toujours » avait-il dit à son Père (Jean 11.42). Déjà le brigand crucifié à côté de lui et qui s’était moqué de lui, l’injuriant, a été pardonné. Plus tard, après la résurrection et l’élévation du Seigneur, Pierre prêchera disant : « Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous... lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques... » (Actes 2.22-23). Dans sa deuxième prédication, il dira : « Le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, lorsqu’il avait décidé de le relâcher. Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste... et vous avez mis à mort le Prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d’entre les morts... Et maintenant, frères, je sais que l’avez fait par ignorance (ils ne savent ce qu’ils font) de même que vos chefs aussi... Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3.13-19)
Quel sera le résultat de ces deux prédications ? La réponse à la prière du Seigneur sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font »: environ trois mille âmes, puis cinq mille seront ajoutées à l’assemblée, autrement dit : trois mille et cinq mille âmes pardonnées. Depuis, une multitude d’êtres humains croyant au Seigneur Jésus ont obtenu le pardon de Dieu. Ami lecteur, ce pardon, l’avez-vous reçu ?
Mais si beaucoup de Juifs se sont convertis, Israël, en tant que peuple, a continué à mépriser et à rejeter son Messie. Alors que les Juifs frémissaient de rage et grinçaient des dents contre lui, refusant le message qu’il leur adressait, Etienne, lors de sa lapidation, a prononcé une prière similaire à celle du Seigneur : « Seigneur, criait-il à haute voix, ne leur impute point ce péché » (Actes 7.60) ; et il voyait le ciel ouvert et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu (v. 56), alors que les autres passages de la Parole qui nous parlent de Jésus dans la gloire nous le présentent « assis à la droite de Dieu » (Marc 16.19, Hébreux 1.3, etc.) : le Seigneur était debout, prêt à revenir si le peuple recevait le témoignage d’Etienne, prêt à pardonner. Mais ce crime qui a été commis a entraîné pour bien des siècles le rejet des Juifs comme nation. « Seigneur, disait Etienne, ne leur impute point ce péché ». Il y a eu aussi une réponse à cette prière car Saul, qui consentait à sa mort, n’a-t-il pas été pardonné ? N’est-il pas devenu ensuite l’apôtre des nations ? Il a écrit à Timothée : « J’étais auparavant un blasphémateur et un persécuteur, et un outrageux ; mais miséricorde m’a été faite, parce que j’ai agi dans l’ignorance, dans l’incrédulité ; et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus » (1 Timothée 1.13-14). En persécutant l’assemblée, Saul persécutait Jésus lui-même. Mais miséricorde lui a été faite, le pardon lui a été donné, merveilleuse réponse à la prière du Seigneur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ».
Si le peuple Juif est placé maintenant, pour un temps, à l’écart des bénédictions divines, Dieu accordera son pardon à ceux qui reconnaîtront plus tard en Jésus, le messie qu’ils ont crucifié. Lorsque, après l’enlèvement de l’Eglise, le Seigneur reviendra pour établir son règne de mille ans sur la terre, les Juifs pieux lui diront : « Quelles sont ces blessures à tes mains ? » Et il dira: « Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis ». Et Dieu dira : « C’est ici mon peuple » (Zacharie 13.6 et 9). Il sera pardonné, en réponse à la supplication du Seigneur sur la croix :
« Père, pardonne-leur...
…car ils ne savent ce qu’ils font ».
Cette expression pourrait surprendre car, en fait, les Juifs savaient bien qu’ils commettaient un crime odieux. Mais ce qu’ils ignoraient, c’était QUI ils crucifiaient et POURQUOI cette crucifixion. « Le cœur du peuple s’était épaissi, ils ont ouï dur de leurs oreilles, ils ont fermé leurs yeux, de peur qu’ils ne voient des yeux, et qu’ils n’entendent de leurs oreilles, et qu’ils ne comprennent du cœur, et qu’ils ne se convertissent... » (Matthieu 13.15). Seuls ceux qui ont reçu Christ ont l’intelligence des pensées de Dieu. « L’homme naturel (c’est-à-dire sans Dieu) ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie » (1 Corinthiens 2.14). C’est pourquoi le peuple endurci et aveuglé par la haine ne pouvait discerner en Jésus le Fils de Dieu, ni comprendre que sa crucifixion était l’accomplissement des pensées de Dieu à l’égard de l’homme. Il ne pouvait pas comprendre « la sagesse de Dieu en mystère, la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée avant les siècles pour notre gloire, qu’aucun chef de ce siècle n’a connue (car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire) » (1 Corinthiens 2.7-8). L’apôtre Paul dira plus tard : « Mais vous, vous avez renié le saint et le juste... Vous avez mis à mort le prince de la vie... Et maintenant, frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi ; mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait prédit par la bouche des prophètes, savoir que son Christ devrait souffrir » (Actes 3.14-17). Les Juifs ignoraient que leur acte était l’accomplissement de la prophétie. C’est pourquoi, Jésus appuie sa prière d’une explication : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ».
Maintenant élevé dans la gloire, Jésus continue d’intercéder pour les siens. « Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste » et « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 2.1 et 1.9). Il s’agit là des péchés des croyants commis par erreur ou par faiblesse. Mais si Jésus intercède encore pour les croyants péchant après leur conversion, l’intercession pour les pécheurs a été faite à la croix.
C’est pourquoi « Dieu donc, ayant passé par dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tout lieu, ils se repentent » (Actes 17.30)
En vertu du sacrifice de Jésus, Dieu pardonne pleinement à tout pécheur repentant. Il n’est pas de trop grand péché que Dieu ne puisse pardonner. La preuve en est que Jésus réclame le pardon pour ceux qui commettent l’acte le plus odieux de toute l’histoire de l’humanité.
Il se trouve aujourd’hui des personnes croyantes qui sont troublées par les paroles que le Seigneur a prononcées aux Juifs : « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit Saint ne sera pas pardonné aux hommes. Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit saint, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir » (Matthieu 12.32). Ces personnes craignent d’avoir prononcé une fois, sans y prendre garde, une parole coupable qui pourrait ne jamais être pardonnée. La Bible nous dit que « le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean 1.7). Vous avez bien lu : « de tout péché », sans exception. Qu’a donc voulu dire le Seigneur Jésus ? Pour comprendre, il faut placer ses paroles dans leur contexte. Les Juifs avaient dit de lui : « Cet homme ne chasse les démons que par Beelzébul , chef des démons » (Matthieu 12.24). Le blasphème contre le Saint Esprit était le terrible péché d’Israël incrédule. Ce peuple attribuait à Satan la puissance de l’Esprit Saint dont Jésus était revêtu. C’était d’une extrême gravité et, de plus, contraire à tout bon sens. Satan pouvait-il s’élever contre lui-même en chassant les démons, ses propres instruments ? De plus, Jésus précise : « ...il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir ».
« Dans ce siècle », c’est-à-dire dans la période où se trouvaient les Juifs au moment où Jésus parle, avant l’accomplissement de sa mort et de sa résurrection, période qui se termine par cette prière sortie de la bouche du Sauveur : « Père, pardonne-leur... »
« Dans le siècle à venir », c’est-à-dire la période qui suivra l’enlèvement de l’Eglise, quand Jésus reprendra ses relations avec le peuple juif.
Nous sommes actuellement entre ces deux « siècles », période de la grâce où Dieu pardonne tout péché, quel qu’il soit, en vertu du sacrifice de son Fils et en réponse à sa prière : « Père, pardonne-leur... »
O bonheur ineffable !
Immense charité !
Dieu pardonne aux coupables
Contre lui sont révoltés.
Pour porter nos forfaits,
Pour sceller notre paix,
Jésus s’est présenté.
(H et C n° 128/2)