TROISIÈME PAROLE
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Près de la croix de Jésus se tiennent Marie, sa mère, et quelques femmes, et Jean, le disciple que le Seigneur aime. Jésus dit à sa mère :
"FEMME, VOILA TON FILS" puis à Jean : "VOILA TA MÈRE"
(Jean 19.26).
Jésus est le Fils de Dieu. Pour venir jusqu'à nous, il s'est fait homme, né de femme. Malgré ses souffrances indicibles, il ne pense ni ne s'occupe de lui-même. Dans ses compassions infinies, il pense à sa mère probablement veuve à ce moment-là, puisqu'il n'est plus parlé de Joseph. Le cœur de Marie, des quelques femmes et de Jean était broyés par la douleur en voyant celui qu'ils aimaient être ainsi l'objet de la haine du monde, suspendu à la croix, dans des souffrances indescriptibles. Quelques trente-trois ans auparavant, Simon avait prophétisé au sujet de Marie : "Voici, une épée transpercera ta propre âme" (Luc 2.35). Qui peut comprendre ce qui se passe dans son cœur lorsqu'elle assiste, impuissante, au supplice de son fils ? Jésus le comprend et il s'occupe de sa mère dont l'âme est transpercée. Il lui avait dit, à Cana de Galilée : "Qu'y a-t-il entre toi et moi, femme ? Mon heure n'est pas encore venue" (Jean 2.4). A ce moment là, les liens naturels humains ne devaient pas intervenir dans l'accomplissement de son ministère. Maintenant son heure, l'heure de sa mort, est là, et il s'occupe de sa mère de façon touchante. A qui va-t-il la confier pour qu'elle ne soit pas seule, au milieu d'un monde ennemi qui rejette son fils? Pas à l'un de ses frères puisqu'ils ne croient pas en lui à ce moment-là (Jean 7.5) ; Jésus ne va pas confier sa mère à des incrédules; ni à Pierre qui vient de le renier à trois reprises, ni aux autres disciples qui l'ont abandonné lors de son arrestation (Matthieu 26.56). Le Seigneur confie sa mère à Jean, le disciple qu'il aime et qui s'unit à ces saintes femmes près de la croix. Jean occupe une place tout près du cœur de Jésus. L'Ecriture nous dit qu'il est "dans le sein du Seigneur" (Jean 13.23) c'est-à-dire dans ses affections. Si Pierre place toujours en avant son amour pour son Maître (cela le conduira à la chute), Jean parle de l'amour du Seigneur pour lui. Il se plaît à se nommer "le disciple que le Seigneur aime". C'est lui qui écrira plus tard : "Nous, nous l'aimons, parce que lui nous a aimés le premier" (1 Jean 4.19).
C'est à lui que Jésus confie sa mère pour qu'elle ne soit pas seule.
Dès cette heure-là, le disciple prend Marie chez lui. Jean et Marie habitent dans la même maison comme les croyants habitent maintenant dans la maison de Dieu, une maison spirituelle (lire Ephésiens 2.19 à 22 et 1 Pierre 2.5).
"Voici, qu'il est bon et agréable que des frères habitent unis ensemble" (Psaume 133.1)
Le début du livre des Actes des apôtres nous offre un admirable tableau de l'église à ses débuts : "Et tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes ; et ils vendaient leurs possessions et leurs biens et les distribuaient à tous, selon que quelqu'un pouvait en avoir besoin" (Actes 2.44 et 45) "Et la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme ; et nul disait d'aucune des choses qu'il possédait qu'elle fut à lui mais toutes choses étaient communes entre eux" (Actes 4.32 à 35).
Même si de nos jours nous ne vivons plus ces moments heureux de manière si éclatante, et si la chrétienté connaît tant de divisions humiliantes, il n'en reste pas moins vrai que tous les croyants sont liés les uns aux autres par le lien indestructible de l'Esprit Saint. "Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps" (1 Corinthiens 12.13)
Jésus a déjà parlé de cette unité des croyants avant d'affronter la croix. S'adressant au Père dans sa prière de Jean 17, il s'occupe de ses disciples qu'il va quitter. Au verset 11, il dit: "Et je ne suis plus dans le monde, et ceux-ci sont dans le monde, et je viens à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné afin qu'ils soient un en nous". Puis au verset 20, il pense à tous les croyants du monde entier : "Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole ; afin qu'ils soient tous un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu'eux aussi soient un en nous". Au verset 23, il parle de l'introduction de tous les croyants dans le ciel : "afin qu'ils soient consommés en un".
Quoique apparemment divisée en toutes sortes de groupements chrétiens, l'Eglise est une. Cette unité invisible aux yeux humains est vue par Dieu au travers du sacrifice de son Fils, et sera manifestée dans la perfection lorsque celui-ci viendra enlever les siens et les introduire dans la gloire.
Remarquons que, dans sa prière de Jean 17, Jésus parle de l'unité des croyants après avoir déclaré au verset 4 : "J'ai achevé l’œuvre que tu m'as donnée à faire". L’œuvre de la rédemption n'est pas encore accomplie à ce moment-là, mais Jésus parle comme si elle était déjà achevée, arrêtant dans son cœur d'aller jusqu'au bout. Ce n'est qu'une fois l’œuvre achevée qu'il peut parler de l'unité des croyants. L'unité de l'Eglise est le résultat merveilleux de l’œuvre de Christ à la croix.
Que l'unité de ton Église est belle !
Seigneur Jésus, qu'elle plaît à tes yeux !
Dans ton amour, tu t'es livré pour elle :
Tu veux l'avoir près de toi dans les cieux.
Oh ! Que sera-ce au jour où réunie,
Dans les hauts cieux, l'Eglise te verra !
Oh ! Quels transports, quelle joie infinie,
Quand, dans la gloire, elle t'adorera !
(H&C n° 20)
"Qu'y a-t-il entre toi et moi, femme ? Mon heure n'est pas encore venue" (Jean 2.4). Quand Jésus adressa ces paroles à sa mère, il ne pouvait avoir aucun lien entre Dieu et l'humanité coupable, l’œuvre de l'expiation des péchés n'étant pas accomplie. Maintenant que l'heure est venue, Jésus peut établir le lien entre sa mère et le disciple. Les croyants ont communion les uns avec les autres et, ensemble, ils sont unis à Christ (Ephésiens 5.30, 1 Jean 1.7 et 3). C'est ce que le Seigneur Jésus a exprimé en s'adressant au Père : "... afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu'eux aussi soient un en nous" (Jean 17.21).
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Jésus reste six heures sur la croix, depuis la troisième heure jusqu'à le neuvième heure, c'est-à-dire de neuf heures du matin à trois heures de l'après-midi.
Pendant les trois premières heures, il souffre de la part de l’homme qui manifeste, par cet acte odieux de la crucifixion, sa cruauté, la méchanceté de son cœur et sa haine contre Dieu. C'est pendant ces trois premières heures que Jésus prononce ces trois premières paroles : "Père, pardonne-leur..." dit-il. Puis il s'occupe d'un pécheur repentant en lui promettant sa présence avec lui dans le paradis. Enfin, il s'occupe des siens, les unissant les uns aux autres.
Ces trois paroles indiquent trois vérités importantes du christianisme, découlant de la mort du Sauveur.
1) Le pardon des offenses : "Père pardonne-leur..."
2) L'accès au paradis : "Tu seras avec moi dans le paradis"
3) Le lien qui unit les croyants : "Femme, voilà ton fils... voilà ta mère"
Non seulement nous sommes pardonnés, mais nous possédons une espérance vivante et glorieuse, et en attendant d'être introduits tous ensemble dans la Maison du Père, nous sommes unis les uns aux autres par les liens de l'Esprit.