L’amour pour le prochain
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« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lévitique 19 v.18 repris plusieurs fois dans le NT)
Mais qui est notre prochain ? Ce n’est pas seulement celui ou celle qui est aimable ou même pour qui nous sommes indifférents. Chacun de nos pires ennemis est aussi notre prochain.
Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. » (Luc 6 v.28)
Il est difficile d'appliquer cet enseignement du Seigneur Jésus, voire même impossible, diront certains. Comment peut-on aimer un ennemi qui nous maudit, faire ou même seulement vouloir du bien à quelqu'un qui nous maltraite et nous persécute ? Un supplicié pourrait-il aimer son tortionnaire ? Si Jésus avait enseigné de ne pas rendre le mal pour le mal, comme on dit, on comprendrait plus facilement, mais aimer ceux qui nous font du mal, est-ce possible ? Avec notre cœur naturel, non ! Mais celui qui est né de nouveau par la foi au Seigneur Jésus a reçu une nouvelle vie avec un cœur nouveau dans lequel l’amour de Dieu a été versé par l’Esprit Saint (Romains 5 v.5). C’est ainsi que le croyant peut aimer ses ennemis.
Voici deux très beaux exemples, 2 récits authentiques qui remontent à la seconde guerre mondiale :
Corrie Teen Boom (1892-1983)
Dans un de ses livres, Corrie Ten Boom raconte comment, pour avoir caché des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale, elle fut dénoncée par un individu à qui elle avait fait confiance. À cause de cette trahison, tous les membres de sa famille furent arrêtés, les uns fusillés, les autres déportés.
Après la guerre, le traître fut retrouvé, jugé et condamné. Corrie lui écrivit :
“Votre dénonciation a été la cause de la mort de mon père octogénaire, de mon frère et de son fils ainsi que de l'emprisonnement de ma sœur (morte dans un camp d'extermination). J'en ai beaucoup souffert, mais je vous ai tout pardonné en souvenir du pardon et de l'amour de Jésus pour moi. Il est entré dans ma vie et entrera aussi dans la vôtre si vous lui confessez vos péchés. Sur la croix du Calvaire, il a payé votre dette et la mienne”.
Plus tard, l'homme répondit à Corrie:
“J'ai prié : Jésus, si tu peux mettre dans le cœur de tes disciples un tel amour pour leurs ennemis, il y a un espoir pour moi. Je lui ai confessé mes fautes. Je sais qu'il m'a pardonné et que je suis purifié par le sang de Jésus”.
Erino Dapozzo (1907-1974)
Ayant accès à certaines informations, Erino Dapozzo en profite pour avertir les familles en danger de leur prochaine déportation. Dénoncé, il est arrêté par les Allemands et transféré dans un camp de concentration à Hambourg.
Voici son témoignage :
En 1944, je fus condamné à mort par une cour martiale. Toutefois, comme j'avais une femme et quatre enfants, ma peine fut changée en un emprisonnement dans un camp spécial. Neuf mois après, je ne pesais plus que 39 kilos et mon corps était couvert d'ulcères. J'avais le bras gauche cassé et on laissait la fracture guérir sans aucun soin. Le soir de Noël, alors que je me trouvais dans la baraque des prisonniers, en compagnie d'autres, le commandant me fit appeler. Lorsque je me présentais, je le trouvais attablé devant un plantureux repas de réveillon. Il m'obligea à me tenir au garde-à-vous pendant tout le temps qu'il mangeait et mit une heure à tout manger. C'était une façon de me torturer, car cet homme savait que j'étais chrétien et que je parlais de Jésus-Christ à mes compagnons de misère. Dans mon cœur, j'entendis la voix de Satan, qui me dit: « Crois-tu toujours au Psaume 23: "Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien " ? »
J'élevais mon cœur dans la prière, et je dis en toute confiance : « Oui, j'y crois ! »
Un soldat entra, apportant une tasse de café fumant et des gâteaux. Le commandant se tourna vers moi et dit : « Ta femme est une très bonne cuisinière. Depuis sept mois, elle t'envoie chaque mois un colis de pâtisserie, que j'apprécie énormément chaque fois ! »
Je savais que ma femme et mes quatre enfants, au cours de cette guerre, manquaient de nourriture, et qu’elle avait dû prendre sur ses maigres rations la farine et le beurre pour faire des gâteaux. Cet homme se gavait donc de la nourriture dont mes enfants étaient privés. Satan parla de nouveau à mon âme: « Déteste ! Hais-le ! Maudis-le ! »
Une fois de plus, je priais Dieu et je ne ressentis pas la moindre haine pour lui dans mon cœur.
Mais combien je désirais qu'il me donne, ne fût-ce qu'un tout petit morceau de gâteau, non pour le manger, mais tout simplement pour le regarder et me rappeler les visages de mes enfants ! Hélas, l'homme mangea tout et me lança de nouveaux sarcasmes.
« Commandant, lui dis-je, comme vous êtes pauvre ! Moi je me considère riche, parce que je crois en Dieu, et Jésus-Christ m'a sauvé de mes péchés. »
A ces mots il entra dans une violente colère, me lança une bordée d'injures et me renvoya à la baraque.
A la fin de la guerre, je fus relâché comme les autres prisonniers. Dès cet instant, je me mis à la recherche de mon tortionnaire. La plupart des officiers qui avaient commandé les camps de déportation avaient été fusillés, mais j'appris que mon homme avait réussi à prendre la fuite grâce à un astucieux déguisement. Pendant une dizaine d'années, je poursuivis mes recherches, et découvris finalement le lieu où il habitait. Accompagné d'un autre chrétien, je me rendis chez lui. Au premier abord il ne sembla pas me reconnaître.
« Vous souvenez-vous de Noël 1944 ? dis-je. Je suis le matricule 175 ! » lui dis-je.
Il devint blême et se mit à trembler. Sa femme qui se tenait à côté de lui, fut saisie d'une peur panique.
« Êtes-vous venu ... vous venger ?
— Il y a dix ans que je vous cherche! répondis-je.
J'ouvris un paquet que nous avions apporté, en sortis un grand gâteau, et demandai à la femme de nous faire du café. Ensuite, tous les quatre, nous bûmes le café et mangeâmes le gâteau. Le visage inondé de larmes, l'homme me demanda pardon.
« Je vous ai pardonné à cause de Jésus-Christ à l'instant même où vous m'aviez persécuté » lui dis-je.
Environ deux ans plus tard, cet homme et sa femme mirent leur confiance dans le Seigneur Jésus-Christ et devinrent, avec leur famille, des chrétiens rayonnants. Erino DAPOZZO
Nous admirons ces deux chrétiens qui, objets de l'amour de Dieu, ont voulu aimer comme lui. Mais que dire de l'amour de Dieu lui-même pour des coupables tels que nous ? Pour pouvoir nous pardonner, il a dû faire tomber sur son Fils le châtiment que méritaient nos péchés. Qui voudrait refuser le pardon que Dieu nous offre encore aujourd'hui ?