Sur la croix,
Jésus face aux hommes
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De nos jours, lorsque quelqu'un est condamné à la peine capitale, dans les pays civilisés où cela se pratique encore, la justice s'évertue à minimiser la durée de l'exécution pour abréger la souffrance du condamné.
Pour notre Seigneur Jésus, c'est tout le contraire. Déjà, dès avant sa comparution devant le tribunal juif, il est lâchement frappé et abreuvé de moqueries. Puis on lui crache au visage et les chefs religieux le livrent à Pilate, le gouverneur romain.
Celui-ci, après une parodie de jugement, fait fouetter Jésus (et avec quels fouets !) et le laisse entre les mains de ses soldats qui se réunissent au grand complet pour se moquer du véritable Roi des Juifs qu'ils ont affublé d'un vêtement de dérision, d'une couronne d'épines sur la tête et d’un roseau dans la main en guise de sceptre.
Ne laissons pas émousser notre sensibilité et prenons conscience de l'horreur des souffrances physiques et morales qu'endure celui dont Pilate lui-même sait bien qu'il est innocent. Représentons-nous ces scènes atroces où un homme seul et sans défense est attaqué de toute part. Oui, Seigneur, c'est pour moi que tu as enduré cela !
Mais le pire est encore à venir : il faut gravir le Mont Golgotha où vont se dresser les croix ; il faut endurer la douleur des clous et toutes les souffrances qui accompagnent ce supplice réservé d'ordinaire aux condamnés de basse classe.
Les hommes vont-ils relâcher la pression haineuse qu'ils exercent sur celui qui n'a fait que du bien durant toute sa vie ? - Au contraire, toutes les classes de personnes sont représentées devant ce gibet, et chacun s'applique à l'injurier de la manière la plus offensante.
Considérerons le sens profond des différentes et méchantes invectives qui sont adressées au crucifié par :
● "ceux qui passaient par là";
● "les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens";
● "les brigands qui avaient été crucifiés avec lui".
Ceux qui passaient par là ...
« Et ceux qui passaient par là l'injuriaient, hochant la tête, et disant :
Toi qui détruis le temple et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même !
Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ! »
(Matthieu 27 v.39-40)
"Ceux qui passaient par là ... ", qui sont-ils donc? - Des gens comme tout le monde, des habitants de Jérusalem dont certains ont croisé Jésus dans le temple sans trop prêter attention à ses paroles, d'autres qui sont venus de Galilée à cause de la fête et qui se sont posé des questions à propos des miracles dont ils avaient peut-être même bénéficié, des indifférents qui font comme les autres, ou bien des étrangers qui arrivent de très loin, en bref, des représentants de l'humanité entière.
Quelqu'un, dans cette foule, répète ce qui lui a été rapporté des faux témoignages proférés devant le tribunal des Juifs et tous reprennent cette calomnie, cette histoire de destruction et de reconstruction du temple. Jésus n'a pas dit qu'il détruirait le temple, mais: "Détruisez ce temple ... ", et il "parlait du temple de son corps", du corps d'homme qu'il avait pris volontairement et qui faisait de lui "le Fils de l'homme". (Jean 2 v.18 à 22)
Cette foule ne se rend pas compte qu'elle se range du côté de ceux qui, précisément, accomplissent les paroles de Jésus en le mettant à mort ; elle démontre ainsi que le cœur de l'homme est foncièrement mauvais. Quelle grâce pour ceux qui composent cette foule, le Seigneur demande au Père le pardon "car ils ne savent ce qu'ils font".
"Ceux qui passaient par là ... " ne se contentent pas de se moquer de Jésus en tant que Fils de l'homme, ils le persiflent aussi comme le Fils de Dieu en le mettant au défi de descendre de la croix.
Déjà, au désert, le diable avait provoqué Jésus en lui disant par deux fois: "Si tu es Fils de Dieu ..." (Matthieu 4 v.3 et 6). Les hommes utilisent tout naturellement les paroles de leur maître sans obtenir plus de résultats que lui. Pensons à la douleur du Seigneur lorsqu'il entend ces railleries ; il souffre, n'en doutons pas, de constater à nouveau l'emprise du diable sur les hommes que, lui, était venu sauver, lui le Fils de Dieu qui s'est fait homme pour mourir à la croix et porter leurs péchés.
Chacun de ses rachetés peuvent dire comme Paul : "le Fils de Dieu m'a aimé, et s'est livré lui-même pour moi" (Galates 2 v.20)
Les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens...
Et pareillement aussi les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens,
se moquant, disaient : Il a sauvé les autres, il ne peut pas se sauver lui-même ;
s'il est le roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix,
et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu; qu'il le délivre maintenant,
s'il tient à lui; car il a dit : Je suis fils de Dieu.
(Matthieu 27 v.41 à 43)
Toute l'élite religieuse de la nation juive se trouve représentée autour de la croix de celui qu'elle a condamné et livré à la puissance occupante. Aucun remords ne tourmente ceux qui la composent, et ils laissent s'exprimer avec bassesse leur méchanceté envers un homme qui leur a maintes fois donné la preuve de sa divine sagesse. Ah ! ils se sentent forts, maintenant qu'il est à leur merci, cloué à la croix.
"Il a sauvé les autres ..." Ils avaient vu ou entendu parler des puissants miracles de salut accomplis par Jésus : démons chassés, malades guéris, morts ressuscités, foules rassasiées. Maintenant, sans intelligence spirituelle, ils ne peuvent comprendre pourquoi cette puissance, toujours à la disposition du Seigneur, ne lui sert pas à se sauver lui-même. Ces docteurs de la loi ignorent qu'une victime est nécessaire pour que les hommes soient sauvés du jugement éternel.
"s'il est le roi d'Israël ... " ; par les Ecritures qu'ils se vantaient de connaître, ces religieux savent que Jésus est le Messie, le roi d'Israël ; Jean Baptiste le leur a confirmé, mais ils ne veulent pas le recevoir car ils craignent de perdre leurs privilèges. Ils refusent l'ultime avertissement que constitue l'écriteau placé au-dessus de la croix : "Celui-ci est le roi des Juifs". Ils ignorent, malgré la prophétie de Caïphe (Jean 11 v .50 à 53) qu'il faut qu'il meure pour que la nation juive soit sauvée.
"Il s'est confié en Dieu ..."; c'est l'attaque que, sans nul doute, le Seigneur ressent le plus douloureusement, car elle met en cause tout à la fois la confiance et l'amour du Fils pour le Père et la puissance et l'amour du Père pour le Fils. Or toute sa vie Jésus a montré, par amour, une confiance et une obéissance sans faille à son Père qui a proclamé à plusieurs reprises son approbation la plus totale : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir".
Que dire en face de la douleur du Sauveur, du Roi, du Fils du Père ?
Les brigands aussi...
Les brigands aussi qui avaient été crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière.
(Matthieu 27 v.44)
Les brigands auraient pu manifester quelque estime ou quelque compassion pour celui qu'ils auraient pu considérer comme un compagnon d'infortune, un condamné dont ils connaissaient l'innocence.
Mais non, ils s'associent aux autres classes de la société pour insulter Jésus "de la même manière", c'est-à-dire dans sa qualité de Fils de l'homme, de Fils de Dieu, de Roi d'Israël, de Fils du Père, ainsi que nous l'avons vu précédemment.
L'évangile de Luc précise que l'un des malfaiteurs l'injuriait en disant: "N'es-tu pas le Christ, toi ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi " (Luc 23 v.39). Il voudrait échapper aux conséquences de ses actes, et il constitue bien en cela un échantillon de l'humanité qui voudrait être soulagée des conséquences du péché par une intervention miraculeuse sans renier la cause de ses maux : sa rébellion contre Dieu.
En restant sur la croix, le Seigneur accomplit une oeuvre de salut bien plus étendue que la délivrance physique de deux brigands. Il reste pour expier les péchés, pour mourir à notre place, pour ôter le péché du monde, pour effacer les péchés de tous ceux qui les confessent et croient en lui.
C'est ce que le second brigand comprend : il reconnaît sa culpabilité en même temps que l'innocence de Jésus. Il reçoit l'assurance merveilleuse d'un salut total : "En vérité, je te dis : Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (Luc 23 v.43)
Voilà le seul trait de lumière qui perce dans ce sombre tableau de Golgotha, le seul rafraîchissement que Jésus reçoit de la part d'un homme pendant ces moments de si intense douleur.
En repassant les paroles dures, perfides, haineuses proférées contre Jésus, nous considérons avec admiration et adoration la parfaite patience de notre Seigneur qui aurait pu mobiliser tous les anges du ciel pour le délivrer de ses ennemis.
Nous comprenons que s'il est resté sur la croix, c'est par la puissance de son amour envers son Père et envers tous ses rachetés, l'immense foule de tous ceux qui sont, maintenant, le fruit du travail de son âme.
(extraits du recueil "PLAIRE AU SEIGNEUR")
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Le message suivant :
Sur la croix,
Jésus face à la colère de Dieu.