Qu’attendriez-vous de vos amis si vous étiez arrêtés pour une faute que vous n’avez pas commise ? Qu’ils témoignent pour vous ou, tout au moins, qu’ils vous encouragent par leur présence lors de votre comparution.
►Lorsque Jésus est arrêté, livré par un de ses amis traître, « tous les disciples l’abandonnent et s’enfuient » (Matthieu 26 v.56) et l’un d’entre eux le renie.
Qu’attend-on d’un juge, sinon qu’il condamne les méchants, qu’il protège les innocents et fasse valoir leurs droits ?
►Bien qu’il reconnaisse l’innocence de Jésus et le déclare juste, Pilate se lave les mains et le livre aux foules pour qu’il soit crucifié.
Que devrions-nous attendre d’un prêtre, sinon qu’il soutienne la cause des opprimés et les porte à Dieu par la prière ?
►Caïphe, le grand-prêtre, avec les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin, cherche des faux-témoignages et excite les foules qui réclament à grands cris la mort de Jésus.
Voilà ce que sont les derniers moments sur la terre de Celui qui a manifesté tant d’amour en guérissant les malades, rendant la vue aux aveugles, l’ouie aux sourds, délivrant les possédés du diable en chassant les démons, ressuscitant des morts… Toutes les classes de la société, qu’elles soient populaires (les foules), religieuses (les prêtres), juridiques (Pilate) et même, hélas ! les amis tout proches (les disciples) montrent les uns leur haine et les autres leur lâcheté.
Jésus traverse toutes ces épreuves avec un amour sans faille. « Tandis que je les aime, ils sont mes adversaires … Ils me rendent le mal pour le bien et de la haine pour mon amour » dit-il par la voix prophétique (Psaume 109 v.4-5). Il pourrait faire venir douze légions d’anges pour le protéger. D’une seule parole, il pourrait anéantir tous ceux qui réclament sa mort, mais « il n’a pas ouvert sa bouche, semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n’a pas ouvert sa bouche. » (Esaïe 53 v.7)
Quel merveilleux Sauveur nous avons !
Jésus sur la croix
Contemplons-Le sur la croix… On pourrait penser – ou plutôt : on devrait penser – que, voyant le corps de Jésus ensanglanté, suspendu au bois par trois clous, souffrant atrocement, ceux qui passent par là aient quelque pitié, quelque compassion. « N’est-ce rien pour vous qui passez par le chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Eternel a affligé au jour de l’ardeur de sa colère. » (Lam. de Jérémie 1 v.12)
Au contraire, les évangiles nous rapportent que « ceux qui passaient par là l’injuriaient, ils hochaient la tête et disaient : “Toi qui détruis le temple et qui le bâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix”
De même aussi les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, disaient en se moquant : “Il en a sauvé d'autres, il ne peut pas se sauver lui-même ; s'il est le roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui. Il s'est confié en Dieu, qu'il le délivre maintenant s'il tient à lui, car il a dit : Je suis Fils de Dieu.”
Les brigands aussi qui avaient été crucifiés avec lui l'insultaient de la même manière. » (Matthieu 27 v.40 à 44)
« Les soldats aussi se moquaient de lui : “Si toi, tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même” » (Luc 23 v.37)
Là encore, même étant suspendu à la croix, dans d’indicibles souffrances, objet de la moquerie de toutes les classes de la société (le peuple, les religieux, les soldats, les malfaiteurs) l’amour de Jésus n’a nullement faibli. Écoutons sa prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’il font. » (Matthieu 23 v.14)
Pendant six heures Jésus reste sur la croix. Les trois premières heures, il souffre de la part de l’homme qui fait preuve de toute la méchanceté de son cœur et de sa cruauté. Les trois heures suivantes, de midi à 3 heures de l’après-midi, il y a des ténèbres sur toute la terre. Aucun oeil humain ne peut voir ni comprendre les atroces souffrances physiques et morales du Fils de Dieu fait homme payant à notre place l’immense prix de nos nombreux péchés.
Personne ne peut Le voir, mais tous entendent son cri douloureux qu’il lance d’une voix forte en araméen : « Éli, Éli, lama sabachthani ? » c'est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »
Même dans ce moment indicible de souffrance et d'abandon, dans l’effroi de la nuit en plein jour, ceux qui se tenaient là se moquent de Lui disant : « Il appelle Elie, celui-ci ! … Laisse donc, voyons si Elie vient pour le sauver ! » (Matthieu 27 v.45 à 49)
La dérision de la part de sa créature a été jusqu’au moment de la suprême douleur de notre cher Sauveur.
Ô jour d'angoisse, où Dieu cachait sa face !
Ô jour de honte et de confusion,
Quand tu payas, Seigneur, à notre place,
L'immense prix de la rédemption !
Tu recherchas amour et sympathie,
Mais nul des tiens ne comprit ta douleur ;
L'un te trahit et l'autre te renie,
Tu ne trouvas aucun consolateur.
Tu fus muet dans toutes tes souffrances,
Quand devant toi des ennemis moqueurs
Multipliaient les défis, les offenses ;
L'opprobre alors a déchiré ton cœur.
Ayant enfin vidé la coupe amère,
Achevé l'œuvre, et dit : «C'est accompli»,
Puissant Vainqueur ! Entre les mains du Père,
En pleine paix, tu remis ton esprit.
Ô cher Sauveur, toi qu'au-dessus des anges,
Dieu, satisfait, a couronné d'honneur,
Dès ici-bas, nous chantons tes louanges,
Et, prosternés, nous t'adorons, Seigneur.
(Hymnes et cantiques n°217)