Le dernier acte que Jésus accomplit à l’égard de ses disciples avant sa crucifixion et que l’Evangile selon Jean nous rapporte est de laver leurs pieds. Quelle profonde humilité ! A-t-on déjà vu un roi s’abaisser aux pieds de ses sujets pour les laver ? Celui qui est le Maître de l’univers parce qu’il en est le créateur s’abaisse à laver les pieds de ses disciples ! Il aurait pu se faire servir par les anges, mais il n’était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (Marc10 v.45). C’est lui-même qui prend un bassin, le remplit d’eau, se baisse pour laver les pieds de ses disciples puis les essuie avec le linge dont il est ceint.
Arrivé à Simon Pierre, celui-ci refuse disant :
« Seigneur, tu me laves les pieds, toi ? … Non, jamais tu ne me laveras les pieds !
– Si je ne te lave, répond Jésus, tu n’auras pas de part avec moi.
Pierre qui aimait son Maître et prétendait ne jamais se séparer de lui dit alors :
« Seigneur, pas seulement mes pieds, mais aussi mes mains, et ma tête…
Jésus lui dit :
« Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds : il est pur tout entier ; et vous êtes purs, mais non pas tous »
« et non pas tous » car il sait que cette nuit même, Judas le livrera. Le lendemain, Jésus donnera sa vie et versera son sang.
Ainsi que nous l’avons rappelé la semaine dernière, « le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 v.7) et cette œuvre de purification a été accomplie une fois pour toutes de sorte que le croyant lavé dans le sang de Jésus n’a plus besoin que son corps tout entier soit re-lavé.
« Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds » dit Jésus.
Pourquoi les pieds ?
Le chrétien purifié de tout péché marche vers le ciel, sa demeure éternelle dans la maison du Père. En attendant, même s’il n’est plus du monde (Jean 15 v.19), il est dans le monde et, de même qu’un voyageur marchant sur les chemins a besoin de se laver les pieds salis par la poussière, le croyant, bien qu’ayant tout le corps lavé, est en contact incessant avec le monde corrompu, exposé à la souillure en pensées, en paroles et en actes. Mais le Seigneur lui “lave les pieds”, autrement dit, il le purifie en l’amenant à se juger continuellement à la lumière de sa Parole. C’est alors que « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité. » (1 Jean 1 v.9)
Aussitôt après cet acte de lavage des pieds, Jésus explique à ses disciples :
« Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m'appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc moi, le seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; c'est un exemple que je vous ai donné : comme je vous ai fait, moi, vous aussi faites de même. En vérité, en vérité, je vous dis : L'esclave n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites. »
Trop souvent, nous voyons les défauts et les fautes de notre frère ou de notre sœur mieux que les nôtres. La communion pratique entre nous peut être troublée ou même interrompue à cause d’un manquement ou d’une offense qui nous aurait été faite. Le Seigneur nous a donné l’exemple afin que nous fassions comme lui : nous laver les pieds les uns aux autres, c’est-à-dire savoir, dans l’humilité, nous abaisser l’un devant l’autre pour pardonner et rétablir la communion pratique.
« … que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant supérieurs à vous-mêmes … Ayez donc en vous cette pensée qui était dans le Christ Jésus, lui qui, existant en forme de Dieu … s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave … il s’est abaissé lui-même… » (Philippiens 2 v.3 à 8)
« soyez bons les uns à l’égard des autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ,» (Ephésiens 4 v.32)
« Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’affection miséricordieuse, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même. » (Colossiens 3 v.13)
Il est souvent difficile, n'est-ce pas, à cause de notre orgueil, de regarder nos frères et nos sœurs dans la foi comme supérieurs à soi-même, plus difficile encore, peut-être, de se considérer inférieurs à eux, mais pensons à notre Seigneur qui s'est abaissé jusqu'à nous et qui a lavé les pieds de ses disciples.
Remarquons qu’à la fin, Jésus ne dit pas : vous êtes bienheureux si vous savez ces choses, mais, les sachant : « vous êtes bienheureux si vous les faites. » (v.17)
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