Il lui fallait donc remonter très vite à sa cabine et abaisser le pont. Ne voulant pas paniquer son fils, il lui demanda de rester là et de l’attendre. Il courut jusqu’à sa cabine pour abaisser la manette qui commandait la descente du pont.
Il vérifia du regard, au préalable, qu’aucun bateau n’était en vue et que personne ne se trouvait près du pont. Et là, stupeur ! ce qu’il vit lui glaça le sang : son fils se trouvait sous le pont, au niveau des énormes vérins qui l’actionnaient. Peut-être avait-il voulu rejoindre son père et s’était-il égaré près du pont. John Griffith put distinguer avec horreur que son fils était coincé entre les deux énormes dents de la roue et que sa jambe saignait.
En un très court moment, le plus grand cas de conscience qui soit donné à un père se posa à John Griffith ; en quelques secondes il devait choisir : laisser le pont levé pour sauver son fils, et voir le train s’écraser, ou abaisser le pont en écrasant son propre fils et sauver les centaines de passagers du train …
Ces secondes semblèrent durer des heures. Mais la seule solution possible s’imposa à son esprit : il devait laisser passer le train, sinon il aurait des centaines de morts sur la conscience. Peut-on imaginer le combat dans le cœur de ce père ? Il connaissait son devoir, mais sa main tremblante ne pouvait se résoudre à abaisser cette manette. C’est la vue de la fumée du train s’approchant lentement mais sûrement qui le força à agir. En proie à une douleur infinie, il poussa la manette. Les cris de son fils furent bientôt étouffés par l’arrivée du train. Le visage couvert de larmes, les yeux hagards, le cœur totalement brisé, John Griffith regarda le train passer. Un homme lisait son journal, une femme regardait par la fenêtre. Ni le mécanicien ni aucun des passagers ne se doutaient du drame épouvantable qui s’était joué sous eux. Tous ignoraient qu’un enfant de huit ans était mort atrocement pour qu’ils puissent passer ce pont. Ils ignoraient qu’un père venait de sacrifier son fils unique pour eux. Personne n’avait entendu les cris de douleur de l’enfant ni ceux désespérés de son père.
Cette histoire, si vous la lisez pour la première fois, vous serre le cœur et vous fait peut-être monter les larmes aux yeux. Il y a une autre Histoire – avec un H majuscule – qui s’est passée il y a presque 2000 ans : celle du Père qui a donné son Fils unique, non pas pour sauver la vie de quelques centaines de passagers d’un train, mais pour sauver le monde entier.
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. »
(Évangile selon Jean ch.3 v.16)
Vous connaissez le récit de la mort de Jésus depuis longtemps, peut-être. Votre cœur est-il aussi saisi que la première fois que vous l’avez entendu, ou y êtes-vous tellement habitué que seule votre oreille entend et votre cœur ne vibre plus ?
Un de mes amis qui a habité quelque temps dans le sud-ouest de la France racontait que sa maison était perchée au haut d’une colline de sorte qu’il pouvait contempler un magnifique paysage. Les visiteurs qui venaient pour la première fois en étaient émerveillés et lui disaient sa chance d’habiter là. « C’est vrai que j’étais heureux, disait-il, de jouir d’une si belle vue, mais après quelques temps, j’y étais tellement habitué que je n’y prêtais même plus attention ! »
C’est ainsi que le temps et l’habitude effacent les émotions et il en est trop souvent ainsi en ce concerne le souvenir des souffrances et de la mort du Fils de Dieu qui s’est sacrifié lui-même par amour pour nous. Combien pourraient prendre pour soi les paroles du prophète Jérémie :
« N’est-ce rien pour vous tous qui passez par ce chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Eternel a affligé au jour de l’ardeur de sa colère » (Lam. de Jérémie ch.1 v.12)
L’ardeur de la colère de Dieu est tombée sur son Fils unique et bien-aimé afin qu’en croyant en Lui, nous soyons sauvés.
Ne serait-ce rien pour vous ?…
Les passagers du train étaient indifférents parce qu’il ne savaient pas ce qui se passait lors de leur passage sur le pont. En ce qui concerne le don de Fils de Dieu et son sacrifice, qui pourra dire qu’il ne savait pas ?
John Griffith sacrifia son fils pour accomplir son devoir et ne pas avoir des centaines de morts sur la conscience. Dieu a sacrifié son Fils par amour pour des pécheurs tels que nous.
Ne serait-ce rien pour vous ?
Et nous, chrétiens, ne laissons pas le temps atténuer la sensibilité de nos cœurs et renouvelons sans cesse nos affections pour Celui qui nous a tant aimés.
Nous Te voyons en agonie,
Buvant la coupe des douleurs.
Nous Te voyons donnant ta vie,
Toi juste et saint, pour nous pécheurs.
Que ta mort, ô sainte Victime,
Soit toujours présente à nos yeux !
Ton sang versé paya nos crimes,
Seul, ton sang nous ouvre les cieux.
Ô que ta charité profonde
Touche et pénètre notre cœur.
Tu meurs pour le péché du monde :
Toi seul est notre Dieu Sauveur !
* * *