Extraits du livre « Je vis avec cet intrus : le handicap » de Gilles Georgel.
Disponible chez BLF Europe : www.blfeurope.com
(avec l'autorisation de l'auteur)
« Tu n’es pas à ma place ! Tu as beau parler, vouloir me consoler, tu ne sais pas ce que c’est d’être comme moi ! » La réplique de la personne handicapée au bien-portant est sans appel. Que sait-il, en effet, de sa souffrance, de ses frustrations, de ses limites ? A-t-il une idée de ce que signifie vivre un seul jour, une seule heure, paralysé, emprisonné seul avec lui-même ?
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Jésus est-il apte à comprendre les personnes handicapées ? La question est de taille. Lui qui marche sur la mer et semble n’avoir jamais connu la maladie, que sait-il du monde des paralysés, des infirmes, des blessés… ? N’est-il pas l’étranger par excellence de la société des invalides ? L’apparence est trompeuse.
Regardons Jésus. Suivons-le en commençant par le ciel d’où il vient, jusqu’à la croix où il meurt. Nous serons surpris de voir qu’il est, non pas inaccoutumé mais, en bien des points, familier à la condition des personnes handicapées. Non, vraiment ! S’il y a bien quelqu’un qui les comprend parfaitement, c’est lui !
L’obligation de vivre dans des limites imposées est ce qui distingue en premier la personne handicapée du bien-portant. Nous nous méprenons sur la personne de Jésus si nous pensons que l’humanité ne lui a rien coûté. Car, dit l’Evangile, Jésus existait avant d’être homme. De toute éternité, il était Dieu, libre, tout puissant, sans limite, n’étant assujetti à aucune contingence. Devenir homme l’a donc contraint à quitter un état supérieur pour une condition nettement moindre.
Le premier handicap de Jésus a été son humanité. Une perte de son état premier comme celle que connaîtrait un homme à qui on imposerait de devenir fourmi, ver de terre ou… cafard. Un choix qu’il a cependant fait volontairement, comme tout ce qu’il fera dans sa vie d’homme.
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Jésus sait ce que signifie la contrainte, la privation de liberté. Il connaît l’aspiration de la personne handicapée soupirant après un avenir meilleur, différent, un autre état.
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« Si tu veux prendre ma place, prend mon handicap ! »
Disposé sur un parking à l’endroit réservé aux personnes handicapées, cet écriteau interpelle. Il propose un échange : l’avantage ponctuel que représente la place de parking contre les limites quotidiennes qui sont imposées à son bénéficiaire. A ce jeu-là, le calcul est vite fait. Nul besoin d’un long temps de réflexion. N’importe quelle personne handicapée, si vous lui posez la question, signe immédiatement le contrat. Pas sûr que, du côté des bien-portants, on soit aussi emballé par la proposition.
Nous l’avons déjà dit, la première dimension du handicap de Jésus a été le choix de devenir homme. De la liberté absolue, totale, éternelle, il a passé pour un temps aux limites physiques de l’humanité. Là ne s’arrête cependant pas son parcours. Ce Jésus avait pour objectif non seulement de devenir homme, mais d’être parfaitement assimilé à eux, dans leurs détresses, leurs souffrances. En ce sens, plus que quiconque, il a connu sur la croix la situation extrême du handicap. Cloué, non dans un fauteuil, mais sur deux poutres de bois, il était pendu là, en plein soleil, des heures durant. Tourmenté par la soif, dans l’impossibilité de se mouvoir, se gratter le nez, changer de position, essuyer ses larmes, bouger bras ou jambes… Livré au bon plaisir d’autrui, il a agonisé, seul, en proie au mépris, à la moquerie d’une foule déchaînée du sein de laquelle plusieurs le ridiculisaient, riaient de la souffrance qui défigurait son visage et déformait son corps meurtri. Il est ici l’homme de douleur par excellence.
La souffrance et la mort de Jésus ne sont pas le fait du hasard ni de l’opposition d’adversaires farouches, obstinés, impitoyables. Certes, ce sont des mains humaines qui ont enfoncé les clous dans les mains et dans les pieds de Jésus. Mais ce supplice qui le conduisait à la mort était aussi le résultat de son choix.
La croix, dit la Bible, est le lieu d’un échange. Là, Jésus troque la condition d’homme juste, sans tache ni tare, pour celle de l’homme meurtri, blessé, affligé des maux dus au péché. Il accepte de prendre notre place et, pour ce faire, il subit dans sa personne la souffrance résultant de la rupture avec Dieu. Le handicap de Jésus atteint ici son point culminant. Affaibli à l’extrême, aucune partie de son corps n’est épargné par la douleur. De la tête aux pieds, il n’est que plaies, déchirures, blessures, amas de chair vive sanguinolente.
Dans son âme, la souffrance n’est pas moindre. Il est seul, abandonné de tous, plongé dans la nuit la plus noire. Le désespoir est à son comble. Il est ici, privé, handicapé de la présence de son Père. Il ne lui reste plus rien. Il boit, jusqu’à la dernière goutte, la coupe du tourment. Pour moi, pour vous, pour notre salut, il devait passer par là.
Son œuvre terminée, trois jours plus tard, Jésus ressuscitera. Il en donnera la preuve à plusieurs reprises à plus de cinq cents témoins. Puis quarante jours plus tard, il retournera vers le lieu d’où il est venu : le Ciel, séjour où il n’y a plus ni pleurs, ni larmes, ni cris, ni souffrance, où la mort n’existe plus.
Message d’espérance
Le handicap, avons-nous dit précédemment, est un intrus. Sans y être invité, il s’est installé dans des vies jusqu’à provoquer parfois la mort rapide. Le handicap est, sur le plan physique, une image de ce qu’est le péché sur le plan moral et spirituel. Entré dans l’humanité par Adam, le premier homme, le péché a contaminé toute la race humaine. Depuis, que nous le voulions ou non, nous cohabitons tous avec cette puissance mauvaise dans notre cœur.
N’y a-t-il aucun moyen d’échapper à la situation dans laquelle l’intrusion du péché nous a placés ? En nous parlant de Jésus Christ, la Bible nous annonce une bonne nouvelle, un message d’espérance. Nous ne sommes pas contraints de vivre éternellement dans le péché. Une issue est possible ! Quatre conditions sont à remplir :
- Reconnaître la réalité de notre état,
- Reconnaître notre impuissance à changer notre situation,
- Changer de mentalité à l’égard du péché,
- Se tourner vers Jésus Christ et le recevoir dans sa vie.
Lui seul, en tant qu’homme, a vécu sans péché. Il est donc qualifié, en tant que juste, pour prendre la place des injustes que nous sommes. Jésus est non seulement mort, mais il est ressuscité. Par son Esprit, il peut venir habiter en nous et nous communiquer une nouvelle vie.
« Celui qui est uni au Christ, dit la Bible, c’est une nouvelle création : ce qui est ancien a disparu, voici : toutes choses sont faites nouvelles » (2 Corinthiens 5 v.17)
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