Adossé contre un mur, les deux mains dans les poches de son pantalon trop large, la casquette posée sur la tête, laissant dépasser une chevelure en désordre, immobile, il attend. Entre ses lèvres un mégot fumant laisse tomber ses cendres sur la veste déjà sale et usée. Il regarde les passants sans les voir, rêvant peut-être de recevoir une pièce, mais eux, les passants, l’évitent visiblement,…Il attend quoi ? Personne ne le sait, lui non plus, d’ailleurs …
Un artiste peintre renommé passant par-là, s’arrête et contemple le jeune homme de loin. « C’est lui qu’il me faut » se dit-il. « Depuis si longtemps que je cherche un modèle pour représenter un jeune miséreux, le voilà ! »
Décidé, le peintre s’avance vers le garçon et lui dit :
« Ça t’intéresse de gagner une belle somme d’argent en faisant un travail non fatigant ?
- Bin ouais ! répond le jeune surpris qu’on lui pose une question dont la réponse est pour lui évidente.
Eh bien, viens chez moi, à telle adresse, ce soir à 18 heures. Tu seras bien payé, et pour te le prouver, voici un acompte. Ce soir à 18 heures, et viens tel que tu es ! Il y aura plusieurs séances de pose et, à chacune d'elles, je te paierai.
Le garçon, médusé, croit rêver ; mais en palpant les billets que le peintre lui a remis en acompte, il revient à la réalité et court chez ses parents. « P’pa, M’man, je suis riche ! Regardez ce qu’on m’a donné, et ce n’est qu’un acompte ! Puis il explique ce que le peintre lui a proposé. Toute la famille se réjouit et le maigre repas est pris, contrairement à l’habitude, dans la bonne humeur, les rires, les projets…
« Mais tu ne peux pas aller chez le peintre comme ça » dit la maman, «tu n’es pas présentable ! Tu dois aller chez le coiffeur, et pendant qu’il te coupe les cheveux, j’irai chez le fripier t’acheter un costume et une chemise ».
« Et moi, dit le père, je vais ressemeler tes vieilles chaussures et les astiquer pour qu’elles brillent et deviennent comme neuves ! »
L’après-midi est vite passé. Voici l’heure de partir au rendez-vous. Le garçon est méconnaissable. On ne l’a jamais vu aussi beau. Tout fier, il se rend à l’adresse indiquée le matin, frappe à la porte de l’atelier du peintre qui lui ouvre et dit :
« Bonsoir. Que désirez-vous ?
- Mais, m’sieur, vous ne me reconnaissez pas ? C’est moi, vous m’avez dit ce matin de venir chez vous pour plusieurs séances.
- Ah ! C’est toi ? Mon pauvre imbécile, je t’avais dit de venir tel que tu étais ! Va-t’en, maintenant, je n’ai plus besoin de toi. Et compte-toi heureux que je ne te réclame pas l’acompte que je t’ai donné. Allez, va-t-en !
De toute façon, il ne pourrait pas rendre l’acompte : il a tout dépensé pour se faire beau. Pauvre garçon ! Il retourne chez lui tout penaud et bien triste.
Il y a des gens qui désirent répondre à l'invitation de Jésus qui a dit : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu 11 v.28) mais qui ne se sentent pas dignes. Ils désirent s’améliorer et se fatiguent à essayer de se rendre propres pour entrer un jour au ciel. A ceux-là, Jésus leur dit : "Venez à moi, tels que vous êtes. Vous êtes chargés d’un fardeau bien lourd, celui de vos péchés, et vous vous fatiguez à vouloir vous en débarrasser en essayant de vous améliorer… Venez à moi. Ce fardeau qui vous pèse, moi, je l’ai porté à votre place, sur la croix. Venez à moi tels que vous êtes, chargés, et moi, je vous donnerai du repos".
Un jour, un homme plein de lèpre, vint à Jésus et, à genoux, le supplia: "Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net". Jésus le toucha et dit: "Je veux, sois net". Aussitôt la lèpre se retira de lui et il fut guéri.
Imaginons un instant que ce lépreux ait pensé: "Je ne suis pas pur, je ne puis me présenter à Jésus tel que je suis. J'attendrai d'être plus présentable...", que serait-il devenu ?
Ami, n'attendez plus pour venir à Jésus. C'est vrai que vous n'en êtes pas digne, mais Lui a tout accompli pour votre délivrance. A la croix, il a expié vos péchés; il a donné sa vie pour vous; son sang qui a été versé purifie le croyant de tout péché (1 Jean 1 v.7).
VENEZ A JÉSUS TEL QUE VOUS ÊTES !
Tel que je suis, sans rien à moi
Sinon ton sang versé pour moi,
Et ta voix qui m'appelle à toi,
Agneau de Dieu, je viens, je viens!
Tel que je suis, bien vacillant,
En proie de doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au dedans,
Agneau de Dieu, je viens, je viens!
Tel que je suis, Ton cœur est prêt
A prendre le mien tel qu'il est,
Pour tout changer, Sauveur parfait!
Agneau de Dieu, je viens, je viens!
Tel que je suis… Ton grand amour
A tout pardonné sans retour.
Je puis être à toi dès ce jour;
Agneau de Dieu, je viens, je viens!
Charlotte Elliot (1789-1871)