Cet été, nous trouvant près d’une prairie, j’observais un troupeau de moutons qui paissaient paisiblement. Tout à coup, sans raison apparente, un des moutons – celui de gauche sur la photo – se mit en marche presque en courant. En une fraction de seconde, tous les autres sans exception se mirent à le suivre et, en un très court instant, le troupeau tout entier disparut de ma vue à l’autre extrémité de la prairie cachée par des arbres.
Dans un troupeau de moutons, si le premier change de direction, les autres le suivent instinctivement. Au point que, si l’un d’entre eux, pris de panique, se jette dans un ravin, tous les autres le suivent ! Rabelais, auteur français du 16e siècle, a illustré ce comportement dans le récit des moutons de Panurge dont voici un résumé :
Panurge, compagnon de Pantagruel, se trouve sur un navire de commerce et fait connaissance avec les passagers. Une dispute éclate entre lui et un marchand de moutons suite à une moquerie blessante. Après le retour au calme et un semblant de réconciliation, Panurge décide de lui acheter un mouton. Aussitôt l’acquisition faite, il jette l’animal à la mer. Tout le reste du troupeau suit, emportant le marchand et les autres bergers qui tentent de retenir les bêtes en s'accrochant à leur toison.
L'expression « mouton de Panurge » est devenue courante. Elle désigne un suiveur, une personne qui imite sans se poser de questions, qui suit instinctivement les idées ou les actions du plus grand nombre sans chercher à comprendre.
Combien de moutons de Panurge pourrait-on compter dans ce monde, que ce soit dans le domaine politique, du travail, de la mode, de la façon de vivre ou dans le domaine religieux ?
« Je suis contre la grève, mais que vont penser mes collègues si je ne la fais pas et que je suis le seul à travailler ? »
« Si je ne fais pas ceci comme tout le monde le fait, que va-t-on penser de moi ? »
« Je ne suis pas d’accord avec tel principe, mais il faut bien que je fasse comme tout le monde ! »
« Tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? »
Faire tous la même chose en même temps, en perdant toute individualité et tout esprit critique, c'est agir comme les moutons de Panurge. C'est une foule qui a réclamé à grands cris qu'on crucifie Jésus Christ, à l'instigation des chefs religieux. Tous criaient : « Crucifie, crucifie-le ! » alors que, peu de temps avant, une foule semblable l'avait acclamé lors de son entrée à Jérusalem en criant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël ! »
Aujourd'hui des meneurs donnent le ton. Et on cherche souvent à se rassurer en agissant comme les autres. Parmi nos contemporains, beaucoup estiment que Jésus Christ n'est qu'un homme du passé, un bienfaiteur dramatiquement mort... Mais si je suis chrétien, ai-je le courage de dire que Jésus est vivant, ressuscité et qu'il agit encore aujourd’hui en faveur de tous ceux qui croient et acceptent de lui confier leur vie ?
Ne vivons pas dans une fausse sécurité en calquant notre comportement sur celui du grand nombre. Faisons un choix personnel. Notre sort éternel est trop important pour que, sans discernement, nous laissions l'incrédulité collective nous entraîner. Dieu invite chacun à se tourner vers Lui pour reconnaître qui est Jésus Christ. Même s'il est aujourd'hui méprisé, c'est à Lui qu'un jour nous aurons à rendre des comptes personnellement. « Car nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu ... Ainsi donc, chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu » (Romains 14 v.10 & 12)