Les trois clous
« Si tu es le Fils de Dieu descends de la croix et nous croirons en toi… ! ».
Ainsi se moquaient ceux qui entouraient la croix sur laquelle Jésus était cloué. Avait-il le pouvoir de descendre de la croix ? Ah ! S’il n’y avait que les clous de fer forgé, il aurait pu descendre immédiatement, mais il ne le pouvait pas, car derrière ces clous visibles, il y en avait d’autres invisibles qui, plus que les visibles, le maintenaient rivé à la croix.
Le premier est celui de l’obéissance à Dieu son Père.
Rien dans la vie de Jésus n’était accidentel. Tout était obéissance pure au plan de salut que son Père avait dressé et auquel il avait souscrit par ces mots : « Me voici, ô Dieu, pour faire ta volonté » (Psaume 40 v.7-8). Et c’est déjà par obéissance à cette volonté qu’il est né dans une étable, à Bethléem. Sa naissance n’a pas été accidentelle, pas plus que sa vie, son enseignement, ses miracles, tout dans sa marche ici-bas. Sa mort fut comme sa vie un acte d’obéissance purement volontaire. La volonté de Dieu était qu’il donnât sa vie en rançon pour tous les péchés des hommes. Or il était venu pour faire cette volonté, et il a obéi jusqu’au bout. Alors que son corps brisé était basculé sur la croix jeté à terre, et qu’un horrible clou était enfoncé dans ses chairs, il y avait en même temps un autre clou qui, plus que l’autre, le tenait attaché à la croix : le clou de l’obéissance envers Dieu. Au défi de descendre, il opposa un silence qui voulait dire : Je ne puis descendre, car ce serait cesser d’être ce que je fus toute ma vie : obéissant à Dieu.
« Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort,
et à la mort de la croix » (Ephésiens 2 v.8)
Le deuxième clou était celui de son amour pour nous.
Il n’y a pas, parmi les hommes, d’amour plus grand que celui de donner sa vie pour ses amis (Jean 15 v.13). Il y a cependant un amour qui a dépassé celui-là : « Le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » (Ephésiens 5 v.2) et « Dieu démontre son amour à lui envers nous en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5 v.8). Au défi de descendre, il opposa un silence qui voulait dire : Je ne puis descendre de la croix, car ce serait cesser de t’aimer.
Le troisième clou était celui de nos péchés.
Plus douloureux que les deux autres a été ce troisième. Tant de gens n’ont jamais rien reçu du message de la croix car ils n’ont jamais vu la responsabilité directe qu’ils avaient dans la crucifixion. C’est vous, disait l’apôtre Pierre à ses contemporains, c’est vous qui l’avez mis à mort. Et si Pierre devait encore nous parler aujourd’hui, il dirait :
C’est toi ! Ce qui a conduit Jésus à la croix :
c’est l’avarice et la trahison de Judas, ton avarice et tes trahisons, toi qui lis ces lignes ;
le reniement de Pierre, tes reniements ;
les hésitations et la faiblesse de Pilate, tes hésitations et tes faiblesses ;
l’indifférence des uns, ton indifférence ;
l’incrédulité des autres, ton incrédulité.
Tous les péchés qui ont conduit Jésus à la croix se retrouvent dans toute vie d’homme. Cependant, tous ces péchés, il les a pris à son compte. C’est pourquoi, au défi de descendre de la croix, Jésus opposa un silence qui voulait dire : Je ne puis descendre de la croix, car si ma souffrance devenait moins grande que ton péché, tu ne pourrais pas être sauvé.
Cher ami(e), il y a assez d’obéissance dans la croix pour effacer toutes tes désobéissances, il y a assez d’amour dans la croix pour effacer tout ton manque d’amour, il y a assez de souffrances dans la croix pour effacer tous tes péchés.
(D’après un message de Fernand Legrand, 1927-2010 )