Le 4ème miracle relaté dans l’Evangile selon Jean se passe en Galilée, au bord de la mer de Tibériade (appelée aussi mer de Galilée). Jésus monta sur la montagne et s'assit là avec ses disciples et, levant les yeux, il vit qu'une grande foule venait à lui. Il dit à Philippe :
« Où pourrons-nous acheter des pains, afin qu'ils mangent ? »
Mais il disait cela pour le mettre à l'épreuve : lui-même savait ce qu'il allait faire.
Philippe lui répondit :
« Des pains, pour deux cents deniers*, ne leur suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu. »
(* Un denier était le salaire d’une journée pour un ouvrier en Israël)
L'un de ses disciples, André, le frère de Simon Pierre, lui dit :
« Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ? »
Jésus dit :
« Faites asseoir les gens »
(or il y avait beaucoup d'herbe en cet endroit).
Ils s'assirent donc, les hommes au nombre d'environ cinq mille. Jésus prit les pains ; puis, après avoir rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; de même aussi les poissons, autant qu'ils en voulaient. Quand ils furent rassasiés, il dit à ses disciples :
« Ramassez les morceaux qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu. »
Ils les ramassèrent et remplirent douze paniers des morceaux qui restaient des cinq pains d'orge, lorsqu'ils eurent mangé. (Jean 6 v.1 à 13)
En lisant ce récit, le lecteur est souvent fasciné par le fait qu’avec si peu, Jésus ait nourri une foule composée de 5000 hommes environ. C’est effectivement un miracle qui, comme tous les autres, prouve la puissance créatrice, donc la divinité du Seigneur Jésus. Mais nous nous arrêterons plus spécifiquement sur la façon dont Jésus a opéré ce miracle. Remarquons tout d’abord qu’il aurait pu créer les pains et poissons pour nourrir la foule car, nous venons de le dire, il en avait la puissance, mais il a voulu utiliser les 5 pains et 2 poissons, le peu de nourriture que possédait un petit garçon, pour nous montrer qu’il veut se servir de nous, aussi faibles que nous soyons et aussi peu que nous possédons. Aujourd'hui encore, le Seigneur se sert des faibles capacités de ses rachetés conduits par son Esprit pour annoncer l'Evangile et pour nourrir les croyants. Aussi, quand le Seigneur place devant nous une occasion de parler de lui, ne faisons pas comme Philippe qui objecte : « Des pains, pour deux cents deniers, ne leur suffiraient pas… » ou comme Moïse qui, pourtant a été le grand conducteur et législateur que Dieu a choisi : « Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme à la parole facile… » (Genèse 4 v.10) ou encore comme le prophète Jérémie : « Ah ! Seigneur Eternel ! Je ne sais pas parler, car je suis comme un enfant. » (Jérémie 1 v.6).
« Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » dit le Seigneur à l’apôtre Paul (2 Corinthiens 12 v.9). Contrairement à ce que j’ai souvent entendu, le Seigneur tout puissant n’a pas besoin de nous (voir Luc 17 v.10) pour accomplir son oeuvre, mais il nous fait la grâce et l’honneur de se servir de nous, quel que soit notre âge et notre capacité. Ici, il utilise un petit garçon qui ne possède que 5 pains et 2 poissons. Du temps d’Elysée, il utilisa une petite fille captive pour amener Naaman, un grand général syrien à être purifié de sa lèpre (2 Rois 5)
Lorsque le Seigneur veut se servir de nous, ne prétextons pas notre jeunesse ni l’insuffisance de nos ressources. Il sait, lui, comment les utiliser. Il interroge Philippe pour l’éprouver, mais il savait ce qu’il allait faire (v.6). Nous ne savons pas comment le Seigneur veut faire, par exemple d’un simple traité déposé dans une boite aux lettres ou remis en main propre, ou d’une simple parole dite à propos (Proverbes 25 v.11), mais savoir que Lui le sait doit nous suffire.
Le Seigneur ne demande pas que nous ayons des diplômes pour travailler pour Lui. Cette histoire en est la démonstration :
Un jeune chrétien chinois avait fait, à force de travail et de volonté, de très brillantes études aux U.S.A. et, en un temps record, obtenu un doctorat en physique. Un bel avenir international s'ouvrait devant lui car plusieurs pays lui faisaient des propositions alléchantes.
Toutefois, au moment du choix, il ressent une profonde insatisfaction quant à ses relations distendues avec Dieu. Il se rend à une convention internationale d'étudiants avec l'espoir d'y trouver la réponse à ses problèmes intérieurs. Hélas, les messages qu'il entend, les discussions auxquelles il participe, ne répondent pas à son attente.
Quittant ces réunions stériles, il se rend au sommet d'une colline avoisinante pour prier seul et lire la Bible. Le décor lui fait penser à la scène de la multiplication des pains au cours de laquelle Jésus nourrit cinq mille hommes. Il relit ce récit et une grande joie l'envahit.
Dieu lui montre ainsi les multitudes privées de nourriture et la tragédie des hommes d'église qui, comme les disciples, ne peuvent satisfaire ces besoins si profonds. Il découvre aussi ce que Dieu peut faire avec le peu qu'un enfant peut mettre entre ses mains.
C'est alors que ce jeune chrétien a le sentiment que le Seigneur lui demande de s’offrir à Lui, comme le garçon avait offert ses 5 pains et ses 2 poissons, pour évangéliser la grande multitude des masses ignorantes, et pour nourrir d'innombrables croyants privés de nourriture spirituelle. Il voit, en effet, dans les cinq pains nos cinq sens, nos cinq organes internes, nos cinq doigts… et dans les deux poissons, deux oreilles, deux yeux, deux mains et deux pieds. Oui, pense-t-il, Dieu est capable de transformer un corps qui lui est consacré et de s'en servir pour nourrir ceux qui ont faim d'amour et de vérité.
Dès lors, son choix est fait ; quelques années plus tard, cet homme, le Dr J. Sung jettera à la mer ses diplômes et médailles, et deviendra de 1928 à 1944 l'extraordinaire instrument dont Dieu se servira pour sauver quantité de pécheurs et affermir la foi de milliers de croyants, en Chine et dans tout le sud-est asiatique.
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