Nous visitions, la semaine dernière, le mont Sainte Odile situé dans les Vosges alsaciennes et sur lequel sont érigés des bâtiments religieux ayant servis autrefois de couvent. En en faisant le tour, nous jouissons de magnifiques panoramas sur la plaine d’Alsace. Par temps très clair, la vue s’étend jusqu’à la Forêt Noire en Allemagne. Regardant au loin comme auprès, mes yeux furent attirés par une épitaphe fixée sur un mur surplombant le précipice et sur laquelle on peut lire, en lettres gravées :
AUX CLERCS
PRÊTRES
ET ÉVÊQUES
RELIGIEUX ET RELIGIEUSES
D’ALSACE
MORTS
AU SERVICE DU PAYS
ET DE L’EGLISE
1648 - 1948
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IL N’Y A PAS DE PLUS GRAND AMOUR
QUE DE DONNER SA VIE POUR SES AMIS
St JEAN XV, 13
Ma première réaction en lisant ce texte fut d’être surpris que l’on puisse appliquer à des hommes, aussi religieux soient-ils, cette Parole du «Christ qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous» (Ephésiens 5 v.2). Y a-t-il, en effet un plus grand amour que celui du Fils de Dieu qui s’est abaissé en venant jusqu’à nous pour s’offrir lui-même en sacrifice afin de nous sauver de la mort que nous méritions tous à cause de nos péchés ?
Sans nier l’héroïsme de ces prêtres, religieux et religieuses morts à cause de la guerre, peut-on affirmer qu’ils ont donné leur vie par amour pour leurs prochains ?
L’apôtre Paul a écrit : « A peine pour un juste quelqu’un mourra-t-il (car pour l’homme de bien peut-être quelqu’un se résoudrait-il à mourir), mais Dieu met en évidence son amour à lui envers nous en ceci : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5 v.8)
Ce même apôtre parle de la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance :
« Que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, étant enracinés et fondés dans l'amour, afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur – et de connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance. » (Ephésiens 3 v.17-19)
Amour sans mesure
(adapté d’un texte du calendrier « la Bonne Semence »)
La largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur évoquent les mesures du grand projet du Dieu d'amour envers les hommes.
La largeur : Dieu propose son grand salut à tous ; homme ou femme, de tout âge, de tout pays ou religion, personne n'est exclu. Dieu sauve quiconque croit au Seigneur Jésus. Dieu désire sauver aussi bien le brigand crucifié à côté de Jésus que l'homme le plus respectable. “Notre Dieu Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés” (1 Timothée 2. 3, 4). « Il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » (Jean 3v.16)
La longueur : Pour évaluer une longueur il faut connaître ses deux points extrêmes, puis mesurer la distance qui les sépare. Le point d'origine se perd dans l’éternité passée lorsque Dieu a préparé le plan du salut avant même que n'existe la terre : L’Agneau de Dieu (Christ, victime volontaire) était « préconnu avant la fondation du monde » (1 Pierre 1. 20). L'autre point, c'est la gloire future et éternelle promise à ceux qu'il a rachetés (Jean 17. 24).
La profondeur : Elle suggère l'abîme dans lequel l'homme est tombé loin de Dieu par sa désobéissance. Cette profondeur parle aussi de l'abaissement profond de Jésus Christ, venu chercher ses créatures perdues. Lui, le Dieu vivant, s'est anéanti et s'est abaissé jusqu'à la mort de la croix. « Il s’est anéanti lui-même… il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Philippiens 2. 8).
La hauteur : C'est la place de gloire que Christ occupe maintenant auprès de Dieu, comme conséquence de son œuvre à la croix. « Dieu l'a élevé très haut et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens 2. 9). La hauteur, c'est aussi la place heureuse qu'il a préparée pour tous ceux qu'il a sauvés. « Si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Romains 8 v.17).
Ces dimensions divines dépassent nos capacités humaines, mais son amour pénètre notre cœur. L'amour de Dieu qui a donné son Fils unique, l'amour de Jésus qui s'est abaissé en se livrant lui-même pour nous, cet amour est infini, il est incomparable.
Cet amour, sans le comprendre,
Nous l’adorons à genoux,
Car ta croix le fit descendre
Et s’abaisser jusqu’à nous.
(H&C n° 156)
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