Au temps où Jésus était sur la terre, la coutume voulait que le condamné porte la croix depuis la prison jusqu'au lieu des exécutions. Pour le Seigneur au bord de l'épuisement après tout ce qu'il vient de subir : interrogatoires, crachats, gifles violentes, coups de fouet, couronne d'épines sur sa tête... quel fardeau lorsqu'il va, portant sa croix, sur le mont Golgotha. Le seul poteau horizontal, pèse près de cinquante kilos, et il y a environ six cents mètres à parcourir. Quel spectacle que celui du Fils de l'homme, avançant avec peine, accablé sous le poids de cette poutre !
Impatients, les soldats contraignent Simon de Cyrène à porter la croix. Et le chemin douloureux reprend pour Jésus dont le dos est brûlant de douleur, et la tête martelée de chaque pulsation de son cœur terriblement sollicité.
Arrivé en haut de cette colline, le Christ est jeté par terre sur le bois de la croix. Le bourreau plante un clou dans chaque main, à la base de la paume, au poignet, pour que le poids du corps ne déchire pas les tissus. Le poteau horizontal est alors dressé et placé sur le vertical. Lorsque le corps de Jésus s'affaisse et pèse sur les clous, ceux-ci frottent sur le grand nerf médian du poignet, provoquant des ondes de douleurs atroces.
Les pieds sont fixés à la verticale. Laissant les genoux légèrement fléchis, le bourreau place le pied gauche sur le droit et enfonce un seul clou dans les deux. L'horrible douleur du supplice de la crucifixion provient des bras courbés et des genoux fléchis. Quand le crucifié raidit ses jambes pour soulager la douleur des mains, il provoque un surcroît de souffrance dans ses pieds jusqu'à ce qu'il transfère à nouveau le poids du corps sur ses mains. (Extrait du calendrier « Plaire au Seigneur »)
Pourrait-on rester insensible devant des souffrances aussi atroces que personne ne peut décrire ni imaginer ? Y a-t-il de plus grandes douleurs que celles endurées par Jésus dont le corps est suspendu par trois clous ? Et pourtant, oui, pourtant, ses souffrances physiques ne sont pas comparables aux souffrances morales infiniment plus douloureuses des trois heures ténébreuses qui vont suivre et durant lesquelles il subira de la part du Dieu trois fois saint la colère contre nos nombreux péchés.
Regardez le mont Golgotha où trois croix sont dressées. Sur celle du milieu, entre deux brigands, est suspendu par trois clous le seul juste que la terre ait porté. Ses mains percées qui saignent sont celles qui n’ont fait que du bien, touchant tant de malades pour les guérir, donner la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds… Ses pieds cloués et saignant également sont ceux qui ont parcouru tant de chemins ici-bas, « passant de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » (Actes 10 v.38). Regardez cet homme : il n’est autre que le Fils de Dieu descendu en grâce auprès de sa créature qui, dans sa méchanceté cruelle, le rejette en le clouant sur une croix. Regardez-le, contemplez ses douleurs extrêmes : souffrances physiques infligées par la cruauté des hommes et souffrances morales provoquées par les railleries des passants : « Descends de la croix si tu es le Fils de Dieu !… Ha, ha ! Il a sauvé les autres et il ne peut se sauver lui-même !… Il a mis sa confiance en Dieu, qu’il le délivre maintenant ! » . Peut-on imaginer un tel supplice ?
Il est midi. Le ciel s’obscurcit. Tout le pays est enveloppé de ténèbres. Personne ne peut plus voir les souffrances infiniment plus douloureuses que le Seigneur endure maintenant pour expier tous nos nombreux péchés, en portant le jugement divin et en subissant la juste condamnation à notre place. Pendant ces trois heures, seul, absolument seul dans l’obscurité profonde, il endure le châtiment éternel que nous méritions tous.
« N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Eternel a affligé au jour de l’ardeur de sa colère » (Lam. de Jérémie 1 v.12)
Puis vers trois heures de l’après-midi, Jésus s’écrie d’une forte voix (ce qui prouve qu’il a expié nos péchés étant en pleine possession de ses moyens) :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Entendez-vous ce cri qui monte du milieu des ténèbres vers le ciel fermé ? Jésus peut bien poser cette question car il n’y a absolument rien en lui qui justifie l’abandon de son Dieu. N’est-il pas le seul juste qui ait marché sur la terre ? David a écrit : « Je suis vieux et je n’ai pas vu le juste être abandonné » (Psaume 37 v.25). Pourquoi donc, lui, Jésus, l’a-t-il été ?
A cette question : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » puissiez-vous répondre, cher lecteur, de tout votre cœur : « C’est pour moi, Seigneur ! »
Oui, c’est pour vous que Jésus a été abandonné de Dieu, afin que vous ne le soyez jamais. C’est pour vous parce qu’il vous aime.
Nous ne pouvons pas décrire ni imaginer les souffrances atroces qu’il a endurées, nous ne pouvons pas non plus mesurer l’immensité de son amour pour nous, « l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance » (Ephésiens 3 v.19)
A lui soient toute la reconnaissance et l’adoration de nos cœurs, dès maintenant et pour l’éternité ! Amen.
* * *
Tu brilles à la croix, lorsqu’aux trois heures sombres,
Qui sur un monde aveugle épaississaient les ombres,
L’homme parfait, le Fils du Dieu saint, du Dieu fort,
Traversa l’abandon, la colère et la mort.
Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime !
Ton regard infini sonda l'immense abîme,
Et ton cœur infini, sous ce poids d'un moment,
Porta l'éternité de notre châtiment.
Oui tu portas, sainte Victime,
Aux heures sombres de la croix,
Le jugement de notre crime,
Du courroux divin tout le poids.
Ô Seigneur, nous te rendons gloire.
A jamais dans un saint transport,
Nous chanterons ta victoire,
Ton amour vainqueur de la mort.
(Hymnes et Cantiques 46 & 45)