N’est-ce rien pour vous… ?
Venu du ciel où il était de toute éternité dans la gloire, il a parcouru ici-bas un chemin d’abnégation, passant de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance; car Dieu était avec lui (Actes 10 v.38). Il guérissait les malades, rendait la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, il a ressuscité des morts, il commandait les éléments de la nature… et son chemin se termine ici-bas par la honteuse et scandaleuse condamnation de la part des hommes qui, quelques instants auparavant, l’acclamaient lors de son entrée dans Jérusalem. Poussées par les chefs religieux qui portaient de fausses accusations contre lui, les foules réclamaient par des cris sa mort par crucifixion.
Il fut présenté devant le souverain prêtre qui le haïssait, devant le roi Hérode qui le méprisait et se moquait de lui, puis devant Pilate, le gouverneur romain qui avait le pouvoir de le crucifier ou de le relâcher. Bien qu'il ne vit aucun mal en lui, pour contenter les foules, après l’avoir fait fouetté, Pilate le leur livra pour être crucifié.
Une couronne d’épines fut placée sur sa tête, ses vêtements furent ôtés et, par dérision, un manteau de pourpre (symbole de la royauté) fut posé sur lui. Il fut frappé au visage, on cracha sur lui… puis il fut suspendu sur une croix par des clous enfoncés dans ses mains et ses pieds.
Alors qu’il était sur la croix, dans des souffrances indescriptibles, « ceux qui passaient par là » l’injuriaient ; hochant la tête, ils prononçaient des paroles moqueuses et méprisantes. De même les principaux prêtres et les responsables religieux se moquaient de lui, le provoquant en le mettant au défi de se sauver lui-même.
A ses souffrances physiques indescriptibles s’ajoutaient les souffrances morales quand il entendait les hommes qu’il a créés et qu’il aimait tant se moquer de lui et l’injurier. Infiniment plus grandes ont été ses souffrances durant les heures ténébreuses de la croix où son Dieu l’abandonna aux coups de sa justice, quand il souffrait pour expier nos nombreux péchés !
Cette scène que vous venez de lire ou de relire s’est passée il y a presque 2000 ans. Elle est placée devant vos yeux comme un film retraçant les faits que notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ a subis à la fin de sa vie sur la terre, comme si vous passiez par là…
« N'est-ce rien pour vous tous qui passez sur le chemin ? Regardez et voyez s'il y a une douleur comme ma douleur, celle qui m'est infligée, à moi que l'Éternel a affligée au jour de l'ardeur de sa colère. » (Lamentations de Jérémie 1 v.12)
Cette question a été posée par la ville de Jérusalem, du milieu de sa détresse lorsqu’elle fut prise et détruite par l'armée de Nebucadnetsar (an 588 avant Jésus-Christ). Nous pouvons la poser aussi en voyant la scène de la crucifixion, en présence de cette douleur sans égale infligée par la colère de Dieu contre nos péchés : « N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? »
Il y avait « ceux qui passaient par là » qui se moquaient et injuriaient le Sauveur en croix (Matthieu 27 v.39). Aujourd’hui encore, en présence de la croix, il y a des moqueurs, des gens hostiles et beaucoup d’indifférents. La question s’adresse à eux : « N’est-ce rien pour vous… ? ». Jésus s’est laissé volontairement clouer à la croix parce qu’il vous aime. Ses souffrances infiniment lourdes étaient pour votre salut. Vous laissent-elles insensible ?
Et nous, chrétiens, veillons à ce que l’habitude d’entendre ou de lire le récit de la crucifixion de notre cher Sauveur ne vienne, avec le temps, amoindrir notre sensibilité.
Puissions-nous dire, de tout notre cœur, avec le poète :
Nous te voyons en agonie,
Prenant la coupe des douleurs.
Nous te voyons donnant ta vie,
Toi, juste et saint, pour nous, pécheurs.
Que ta mort, ô sainte Victime,
Soit toujours présente à nos yeux !
Ton sang a lavé notre crime,
Seul ton sang nous ouvrit les cieux.
Ô Christ ! ta charité profonde
Touche et pénètre notre cœur ;
Tu meurs pour le péché du monde :
Toi seul est notre Dieu Sauveur !
Barthélemy Bastié
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